Gérard
Durant, président du club Clichy92 Natation, est décédé le
21 juillet dernier à l’age de 64 ans, des suites d'un
accident domestique.
Hommage : Gérard Durant, l'homme pressé
Comme ses nageurs, Gérard Durant aimait avoir une longueur d’avance.
C’était un homme pressé. Stressé parfois, surtout
lorsque l'avenir du club de Clichy, que son énergie avait porté au
sommet de la natation française, était en jeu. Il fallait
le voir lors des championnats de France ou des Interclubs, moments
privilégiés
où tous les nageurs et nageuses de l’effectif se trouvaient réunis.
Heureux d’avoir tout son monde autour de lui, mais sur des charbons
ardents. Que celui qui l’a jamais vu alors prendre un repas entier
assis sur une chaise lève le doigt !
Gérard était toujours debout entre deux tables, pour accélérer
le service quand les plats s’attardaient en cuisine, pour discuter
stratégie
avec les nageurs et l’entraîneur ou annoncer une composition de relais…
Lors des compétitions, autour des bassins ou dans les tribunes,
le « président
Durant » était partout à la fois, capable de disserter,
textes à l’appui,
d’un point de règlement avec les officiels comme d’encourager de
la voix et du geste les nageurs clichois. Qu’un incident de course ou une
décision
litigieuse touchent l’un d’entre eux et c’était une véritable
tempête qui se levait. Courtois et attentionné dans la vie de tous
les jours, veillant en mère poule au confort des athlètes,
il pouvait se révéler un interlocuteur
redoutable, voire chicanier, dès lors qu’il estimait les intérêts
de « son »
club lésés. Un vrai compétiteur, déterminé à ne
jamais « lâcher le
morceau » et à faire prévaloir son point de vue avec
méthode et passion.
Avec surtout une énergie farouche et une envie de croquer la vie à pleines
dents, dont il nous avait confié le secret lors d’un repas amical,
il y a quelques mois.
Le 3 mars 1974, alors qu’il se promène en famille dans la
forêt d’Ermenonville, il échappe de peu au crash du DC 10
de la Turkish Airlines, l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire
de l’aviation civile. Paisiblement installé au point d’impact quelques
minutes seulement avant que l’avion ne s’écrase, il ne doit qu’à un
coup de pouce du destin d’en sortir indemne. “Ce jour-là, avouait-il, c’est
comme si j’avais commencé une nouvelle vie et je m’efforce depuis
d’en vivre à fond chaque
instant…”
Alors oui, Gérard Durant était un homme pressé…
Il avait ses raisons, mais on aurait tout de même préféré éviter
de parler trop vite de lui au passé. Il a rejoint au paradis de
la natation Guy Boissière, dont la disparition il y a quelque mois
l’avait tant peiné. Il restera pour ceux qui l’ont
côtoyé un homme attachant à l’enthousiasme communicatif,
toujours sur la brèche pour assurer l’avenir d’un club qu’il a fait
entrer dans l’ère du haut niveau. Un souhait, juste un seul… : que
son nom soit un jour gravé
sur l’une des pierres de ce bassin de 50 m dont Clichy est aujourd’hui
le seul parmi l’élite à ne pas disposer et qu’il aurait tant
voulu voir inauguré avant de passer la main.
P.L.